jeudi 15 avril 2010

Sur les contreforts du Tibet


On a retrouve Yann, le frere d'Albane, qui nous a rejoint pour pedaler quelques semaines avec nous en Chine, sur les contreforts du Tibet (de Lijiang a Litang). Ben, un cycliste anglais (en bleu) que nous avons rencontre une premiere fois au Laos nous rattrape en route et reste avec nous quelques jours.
C'est donc a 4 que nous pedalons !!!

















Nous remontons des vallees arides creusees par une grosse riviere qui forme des volutes boueuses, impressionnes par l'entreprise que la construction de la route a du representer. Au dessus de nous, il y a des milliers de metres de pentes et de falaises, avec quelques sentiers que l'on apercoit de temps a autre franchissant les cols.

Quel plaisir de pedaler a nouveau dans les montagnes, de n'entendre que le rugissement des rivieres, et de planter la tente tous les soirs !!!
Ces pentes nous rappellent le Pakistan (*), le chemin se boucle dans nos tetes. Nous realisons a quel point nous aimons pedaler dans ces paysages !!!


Nous faisons la "connaissance" de nos premiers Mastiffs (gros chiens tibetains redoutes des cyclistes) des notre premier col, qui nous oblige a nous refugier dans la maison d'une famille Yi (une minoritee chinoise) qui nous a invite pour la nuit.
Petit a petit, la culture chinoise laisse la place a la vie tibetaine : les visages changent, on retrouve avec plaisir des stuppas, des mani-walls (murs de pierres sculptees de prieres), des moulins a priere et des temples.



Dans les courbes de la riviere, des petits villages se sont installes et maintiennent les seules taches vertes du paysage. Ils regroupent une dizaine de batisses qui ressemblent a de petits chateaux forts aux fenetres maquillees du trapeze noir tibetain.










Des motos pilotees par des moines en robes rouge filent de village en village, dansant sur les courbes de la route en faisant claquer des lanieres de cuir accrochees au guidon.
Le bruit des moteurs est noye dans la musique tibetaine diffusee a fond par les hauts parleurs des machines.

A leur arrivee dans les villages, les cochons noirs fuient en courant et criant, et les chiens allonges sur la route relevent tout juste leurs tetes pour voir s'il peuvent ou non continuer leur sieste.











On aime s'arreter dans les temples tibetains, parfois juste une piece sombre de quelques metres carres au centre de laquelle une vieille femme fait tourner le moulin a priere bossele qui grince un peu malgre le beurre de yack, en recitant des prieres au rythme de son chapelet. Une tige de fer fixee sur le moulin vient frapper une cloche a chaque tour... ting... ting... ting.... nos pensees s'evadent...


Et parfois ce sont des monasteres regroupant une centaine de moines. Ils sont assis en tailleur au coeur du temple, sur des d'estrades d'une vingtaine de cm de hauteur, pour reciter tres vite les prieres sur quelques notes, ponctuees de coups de cimbales, de trompes et de grands tambours avec des manches...



Nous nous amusons a chercher les photos du Dalai Lama dans les temples, interdites en Chine, mais conservees et dissimulees contrairement aux photos du Panchen Lama impose par le gouvernement et qui sont affichees bien en evidence. Parfois dans les villages, les photos du Dalai Lama ne sont parfois meme pas cachees, au nez et aux trois poils de la barbe des policiers chinois qui se retrouvent obliges de mentir a leurs chefs des villes dont le village depend pour ne pas se mettre la population locale a dos.



L'hospitalite tibetaine est de mise, les moines nous offrent du the au beurre de yack (que c'est bon de se bruler les mains sur les bols) et de la tsampa : farine d'orge grillee que l'on melange au reste du the pour la manger avec la main. Ca permet pendant ce temps de faire secher nos affaires en profitant d'une accalmie !


Puis ce sont des montagnes alpines sous la glace et la neige.
Le froid mordille le haut de nos joues qui depasse de nos echarpes et engourdit nos orteils.



Brrr, pas facile de se rechauffer meme dans les montees !!!
On se demande un peu ce que les prochains cols nous reservent....

La route etire son long sillon a travers les creux et les bosses, bravant les flocons qui essaient de la recouvrir, le vent, et quelques vagues de neige un peu plus audacieuses, puis finalement est submergee peu avant notre plus haut col (4725m !).




Le col nous reserve une belle surprise en nous devoilant un grand plateau a plus de 4000m d'altitude. Nous glissons en silence sur les vagues du paysage, pousses par le vent du sud froid. Des creatures de granite emmergent de cet ocean gele, chassees par des ouvriers qui les transforment en pierres de construction a coup de marteaux et burins














Encore quelques cols bien hauts, puis le paysage change completement en devalant vers une grande plaine tibetaine tachetee du pelage noir des yacks



(*) Dans le nord Pakistan, sur la Karakorum Highway, un gros glissement de terrain a bloque la vallee au niveau de Hunza en janvier dernier, ou nous avions rencontre une famille. Il cree aujourd'hui un lac qui menace des milliers de personnes en aval (http://www.dawn.com/wps/wcm/connect/dawn-content-library/dawn/news/media-gallery/17-hunza+floods+threaten+thousands-ek-01?pageDesign=new_MediaGallery_externallink6-6).

2 commentaires:

  1. Cette traversée des cols jusqu'à 4725 m d'altitude, sur route froide, glissante, embrouillardée, ventée, quelle aventure ! Avec sans cesse à l'esprit la crainte que le pire arrive au delà du prochain virage, de la prochaine côte, avec aussi les vêtements mouillés, la tente dégoulinante à ployer ou déployer (au fait, avez-vous changé de tente ?) ! Cela ne doit pas être facile tous les jours, et ces épreuves doivent parfois saper le moral. Et comment se réhabituer à la vie ordinaire de salarié après tout ce vécu ? Autre épreuve en perspective ! Mais, chaque chose en son temps,profitez des mois que vous vous accordez pour expérimenter cet ailleurs.
    Bises (chaudes celles-là !)
    Hubert.

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  2. Coucou Benoit et Albane,
    Quelles belles photos ! Vous devez en vivre des choses passionnantes...
    Nous sommes dans les cartons, , un projet différent du vôtre, mais bien prenant aussi ;-)
    On vous embrasse bien fort,
    Valou-Manu-Timo-Justine

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