mardi 1 septembre 2009

VIP : laissez passer !

Wazirabad, 19h, 35 degres, une centaine de km avant Lahore, on est avec Tobias et Daniela qu'on a retrouves sur la route. On a decide de passer la nuit ici.
La circulation se resserre a mesure qu'on rentre dans la ville.
A priori, ils ne connaissent pas les silencieux sur les pots d'echappement des mobilettes, les klaxons sont de plus en plus nombreux jusqu'a ne faire plus qu'un seul bruit continu, melange de plusieurs "melodies". Ils aiment les klaxons originaux ici...

Bus, camions, voitures, rickshaws (mobilette taxi a trois roues), motos, mobilettes, velos, charrettes tirees par des anes, charrettes tirees par des hommes... tout le monde cherche sa place dans ce flot continu, qui finalement ne va pas plus vite que nous a velo !

Regard dans le retro, les 3 autres suivent. Des "hello, your country?" nous interpellent amicalement de tous cotes. Avancer, les doigts en attente sur les freins, ne pas s'arreter, ne pas reflechir. Il y a toujours un petit espace qui se libere a droite ou a gauche, on se faufile en se disant que ca va bloquer plus loin, mais non, ca passe.

On s'arrete pour demander un hotel. Accueil pakistanais, parfois autoritaire "non, vous venez chez moi !". Avec la fatigue, on a envie d'etre seul. Il faut encore de l'energie pour s'affirmer, s'imposer, se faire entendre dans ce brouhaha. Un jeune nous accompagne a l'hotel, dans un quartier tres populaire, sale, les portes ne ferment pas.
Minute apres minute, du monde s'agglutine autour de Tobias et Albane qui gardent les 4 velos. Quand Daniela et Benoit ressortent de l'hotel, ils atteignent difficilement les velos en se frayant un passage parmi plus de 200 personnes selon Benoit, 80 selon Albane...

Concertation quasi impossible tellement c'est bruyant. On repart dans le flot de circulation, on demande un autre hotel et peu de temps apres, on se retrouve devant le meme hotel !

La nuit tombe mais pas la chaleur, on degouline ! La ville est trop grande pour penser en sortir et planter la tente. Et beaucoup de gens qui nous disent que la ville est dangereuse et qu'il ne faut pas faire confiance aux autres ! ca nous aide bien, merci ! "mais qu'est-ce qu'on fait, la ?"

On tente notre chance dans un petit poste de police, ils nous envoient au poste central. Longue course dans des ruelles non eclairees, guides par 3 gars sur leurs mobilettes ! Les yeux scrutent l'obscurite pour deviner les trous, pour jauger les visages qu'on croise. Ca ne se finit pas, on a l'impression de tourner en rond. "Hurry up, depechez-vous, ne vous arretez pas". Doutes sur les intentions de ces 3 gars. On se demande si on a fait une erreur pour en arriver la.

Et puis enfin le poste de police, dans lequel on s'engouffre avec les velos. Soulagement ! Et on peut dormir ici. Soulagement bis ! la tension diminue, on a l'impression de revenir tout doucement sur terre. Ils veulent qu'on aille tous dans une piece avec ventilateur, mais on refuse, toujours quelqu'un avec les velos. Meme ici au poste de police, on reste en mode 'alerte' un long moment avant de se detendre.

Nuit intime a 2 par lit de camp trop court et 5 dans 10m2 avec un policier !

Le lendemain, on est escorte sur les 110km jusqu'a Lahore par 8 voitures de police qui se relaient derriere nous a 20km/h !
Nous qui voulions voyager "ecolo", c'est loupe ! pourtant, on vous jure qu'on a tout essaye pour qu'ils nous laissent tranquilles : de la demande polie a la crise de nerfs en se roulant par terre...
Mais les ordres sont des ordres et on n'y coupe pas, peu a peu on accepte.

De temps en temps, petite pause etirements et ravitaillement. Les policiers descendent alors de voiture, et nous surveillent de pres. Pas moyen de traverser la rue pour acheter de l'eau sans etre escorte par 2 policiers, fusils en bandouliere. On est genes. Genes de devoir boire et manger devant ces policiers qui n'ont pas choisi d'etre la et qui font le Ramadan, genes vis a vis des gens devant qui les policiers nous font passer a la caisse... les equipes sont plus ou moins sympas, il y en a que ca semble amuser ! Et les gens dans la rue ne semblent pas etonnes.

Sur la route, gare a celui qui ose rouler pendant plus de 10 secondes a nos cotes pour faire causette : la voiture de police s'approche et vient lui dire de degager ! Ca contraste terriblement avec les deux derniers jours pendant lesquels on avait sans cesse ete accompagnes par des cyclistes et des motos qui voulaient discuter.

Quand on traverse une ville, la circulation augmente et on se fraye un passage comme on peut, comme d'habitude, rien de complique ! Soudain on entend des coups de batons frappant de la tole : 2 policiers sont descendus de la voiture et "ouvrent" la route a coup de batons sur les rickshaw. Personne ne dit rien a notre grande surprise. On a honte.

Sur la 2*3 voies, la voiture de police bloque pour nous la voie de gauche. Aux grands carrefours, les policiers bloquent carrement la circulation pour nous laisser passer ! On rigole interieurement... c'est donc ca etre president ! ah non, pas tout a fait : le president est dans sa voiture climatisee, pas tout degoulinant de sueur et les fesses sur une selle...mais quand meme, on a ete un peu VIP le temps d'une journee !

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2 commentaires:

  1. Un ptit commentaire pour votre prochain passage a l'internet cafe :o)
    Je viens de me remettre a jour, superbes photos, je ne suis plus tellement sure de vouloir aller pedaler en Amerique du Sud, je la ferais bien aussi la Karakoram Highway!
    Super vos profils... Ca me donne envie de vous rencontrer hihihi
    J'attends avec impatience l'histoire de la pierre qui roule du haut de l'Everest jusqu'a Kathmandu...

    Bises
    Sylvie

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  2. Cath (petite soeur)19 octobre 2009 à 22:23

    Salut !
    Dites donc, VIP, quelle ascension sociale ! Le retour en france va être dur !!!
    Plein plein de bises, je pense bien à vous !
    Cath

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